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  • : Le blog de Sylvette
  • : Qu'ils soient politiques, personnels, ou une réflexion d'un moment, mes poèmes en prose sont des réflexions personnelles qui n'engagent que mon moi interne. Vous pouvez y trouver des sentiments, de l'humour un peu caustique, peut être parfois un peu de clairvoyance, mais jamais de méchanceté. N'hésitez pas à me donner votre avis.
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7 juin 2017 3 07 /06 /juin /2017 16:30

MORT SANS RAISONS APPARENTES(suite)

 

C’est ce que vous appelez un règlement de comptes…Croyez-moi, si c’est eux vos commanditaires, ils me surveillent, au moindre faux-pas, ils n’hésiteront pas à me faire subir le même sort.

J’ai à ce moment là un sentiment assez bizarre, je n’arrive pas à déceler si cet homme ment, et d’autre part, je n’ai pas l’habitude de travailler pour un réseau mafieux, moi !!! Mémé, mémé au secours, que dois-je faire !!!

  • J’ai du mal à penser que ce soit votre soi-disant cartel qui m’emploie, mais éclairez-moi, pourquoi cette planque et pourquoi cette place, je ne pensais pas que d’importantes transactions puissent se passer dans ma ville. Et ce téléobjectif à quoi sert-il?

 

  • Les transactions se déroulent la nuit, c’est la raison pour laquelle, je vous ai demandé de venir ce soir. C’est pratiquement un jour sur deux, hier il n’y a pas eu de transfert. Venez prés de la fenêtre…Mais venez-donc, n’ayez pas peur, vous ne craignez rien, une pellicule spéciale recouvre les vitres et personne ne vous verra. Regardez dans la lunette et puis vous me direz ce que vous en pensez !

 

Je pose mon œil sur l’engin en priant qu’il m’ait bien dit la vérité et que je ne serve pas de cible à de quelconques trafiquants. J’avais disséqué tout ce qu’il m’avait dit, tout n’était pas clair, mais je n’avais pas ressenti de zones d’ombre, je devais lui faire confiance, si je voulais avancer et essayer de rester en vie. Tout à coup l’image calme et déserte de la place se met en mouvement, je vois maintenant un afflux de jeunes, qui vont et viennent. Instinctivement, je me recule regarde la direction vers laquelle j’ai vu cette activité importante. J’approche mon œil de la vitre, je scrute, la place est irrémédiablement vide et déserte.

  • Vous vous moquez de moi…J’ai mal appréhendé votre personnalité, je n’ai pas le temps de jouer et si vous travaillez pour un cartel de la drogue, je n’ai pas l’intention de vous couvrir plus longtemps, je ne vais pas risquer ma vie pour vous…Continuez à bien vous amuser je vais leur dire que cette filature ne m’intéresse plus…D’ailleurs je n’aurai jamais du la prendre.

 

  • Cessez vos enfantillages, vous êtes j’en suis sure capable de mener à bien cette mission. Je ne suis pas l’homme que l’on vous a décrit, j’ai été comme vous piégé…En ce qui concerne le téléobjectif, il est de dernière génération et donc peut traverser murs et sols pour voir ce qui ce passe de l’autre côté. Avez-vous regardé la direction du téléobjectif, il est pointé vers le bas, ils sont donc en partie sous la place et dans les sous-sols qui jouxtent celle-ci…Ils ont créés une ville dans la ville….Calme au-dessus, grouillant de monde dessous…

 

  • Je rêve, c’est une galéjade. J’ai l’impression d’être en 2050 avec des technologies aussi pointues et d’avant-garde.

Mort sans raisons apparentes………………………………………………………………………….6

 

Par où passent les revendeurs et comment est acheminée la drogue ? Mais vous pouvez également regarder ce qui se passe chez les gens honnêtes qui habitent l’immeuble de l’autre côté de la place, c’est purement inadmissible. C’est juste un viol de vie privé, mémé doit se retourner dans sa tombe, la pauvre !!!

 

  • Arrêtez de vous énerver et d’appeler votre grand-mère. Je ne suis des leurs que par obligation forcée, je vous l’ai déjà dit…Inutile de mal le prendre…Ce téléobjectif est un modèle issu de la Nasa, ne me demandez pas comment ils ont pu se le procurer…

 

Et pour ce qui est du voyeurisme dans la vie des personnes qui habitent l’immeuble en face, vous comprendrez bien que nos gouvernants ne font pas mieux avec leurs caméras et leurs écoutes téléphoniques!!!

 

  • Alors, que fait-on ? Je ne vais pas dormir ici…Je n’ai pas l’intention de passer la nuit à les contrôler d’autant que je ne représente plus la police française et que je ne peux rien faire pour vous !!! A moins que vous vous serviez de moi pour que je fasse marcher mes relations ? Croyez-moi, je n’en ai pas et je n’ai aucune envie de me faire refroidir par les trois gangsters avec qui vous parliez dans la boîte de nuit…Il serait temps de me dire qui ils sont ceux-là et qui les paient pour avoir la gâchette aussi facile ?

 

  • Ils peuvent effectivement paraître quelques peu gangsters, mais ils ne le sont en aucune façon…Ce n’est pas eux qui ont tiré, ils étaient devant ma porte lorsque nous avons entendu nous aussi les coups de feu, et je leur ai demandé de partir immédiatement…La personne qui a tiré s’est sauvée en empruntant l’ascenseur et quand mes amis sont arrivés sur la place, elle avait purement et simplement disparue. Ce sont des amis Arméniens avec qui j’allais au club de lutte du Vieux Nice, lorsque j’étais jeune et avec qui j’ai renoué en revenant en France...Suivant les endroits où je dois me rendre, ils me servent le plus souvent de gardes du corps et leur présence me permet parfois de sortir de situations difficiles. J’ai appris avec eux, leur langue et c’est souvent lorsque nous sommes entre-nous que nous nous exprimons ainsi…

 

J’ai à ce moment-là du mal à le croire, ma perception des zones d’ombres que j’ai ressenti en les croisant par deux fois ne peut me tromper et je ressens à ce moment précis de son récit qu’il me ment, mais je n’arrive toujours pas à déceler où il veut m’amener…Il me faut continuer à jouer avec lui me dis-je !!! J’ai quitté la Police pour cesser tout stress, je devais faire de petites filatures tranquilles pour des couples en mal d’Amour et voilà que je me trouvais dans des situations encore plus difficiles et cette fois-ci c’était le pompon…Je mettais ma vie de mentaliste en danger…

Mort sans raisons apparentes………………………………………………………………………….7

 

  • Ah, il me semblait bien que c’était une langue étrangère !!! Ah, c’était donc de l’Arménien, cette langue que je n’arrivais pas à comprendre dans la boîte de nuit, ce sont des « sanguins » vos amis, je les ai vu s’énerver, ils n’ont pas l’air facile. Bon alors que faisons-nous maintenant parce que moi j’ai des comptes à rendre à ma boîte vocale, et je n’ai franchement pas envie d’engager vos gardes du corps pour me protéger…Ah, ah, l’arroseur arrosé, ce serait trop drôle…

 

  • J’aurai une proposition à vous faire, pourquoi ne pas aller vous asseoir sur le banc qui se trouve sur la place et attendre pour voir si l’un des revendeurs cherche à vous aborder, vous pourriez établir le contact, sait-on jamais…Il faudrait que vous ayez juste l’air un peu pommé, comme si vous étiez en manque…je suis sur que vous êtes capable de simuler…

 

  • Non, mais faut que vous fassiez refroidir votre ciboulot, vous n’allez pas bien ou cherchez-vous à me faire tuer ? Un deuxième meurtre sur cette place ferait votre affaire peut-être…Vous cherchez à vous débarrasser de moi, il n’y a pas plus facile, j’annule le contrat avec la boîte vocale et vous n’entendez plus parler de Jean-Edouard Scola!!! Je ne vous connais pas, je ne vous ai jamais entendu, je ne vous ai jamais vu, ni vous, ni vos acolytes…Je ne vois pas pourquoi m’envoyer au casse-pipe, allez-y donc vous-même, je ne suis nullement un simulateur moi, Môsieur!!!

 

  • Il y a deux jours, vous vouliez m’aider et voilà maintenant que vous vous défilez…Je pense que vous avez peur, ou alors vous n’êtes pas du tout le Mentaliste que vous dites être…Quelqu’un qui est à l’intérieur de ce réseau cherche à me tuer et pour tout vous dire ils ont du me repérer…Effectivement c’est bien moi que l’on cherchait à refroidir, leur tueur s’est juste trompé de personne et d’étage…Mes amis Arméniens se sont doutés d’un coup fourré, mais ils sont arrivés trop tard, car comme je vous l’ai déjà dit le tueur s’est malheureusement enfui…

 

A ce stade de la conversation et devant prendre cette décision qui me serait peut-être fatale, je me dis que le mentaliste qui semblait m’habiter s’était fait la malle et que je n’aurais plus à partir de demain qu’à aller vendre de la socca sur le cours Saleya, ce serait certainement moins dangereux et plus gratifiant, je pourrais discuter avec les touristes et leur parler de Nissa La Bella. Et l’autre là, Monsieur double nationalité, il me montre un côté négatif de ma ville, que je n’ai pas forcément envie de voir…

  • Donnez-moi une feuille de papier je vais écrire mon testament, si il m’arrive quelque chose, vous avertirez ma famille et dites leur bien que sur ma plaque funéraire je veux cette inscription « Ci-gît Jean-Edouard SCOLA, Mentaliste, mort dans l’exercice de ses fonctions »…

Mort sans raisons apparentes…………………………………………………………………………8

 

 

 

  • Bon que faites-vous, si vous attendez encore, le jour se lèvera et eux ils seront allé se coucher…

 

  • Non, mais c’est long de savoir à qui on va léguer ses affaires !!!

 

  • Allez, ça suffit vous y allez ou vous vous dégonflez et surtout vous n’oubliez pas demain de changer de métier…Ce n’est pas possible je suis entrain de craquer, je pensais que vous alliez pouvoir m’aider et me redonner ma dignité de citoyen Français, je me suis trompé de personne. Vous êtes juste un guignol !!!

 

  • C’est moi que vous traitez de guignol, je vais vous prouvez qui je suis moi Jean-Edouard SCOLA ! capable de résoudre des énigmes bien plus compliquées que la vôtre, et si vous, vous vous servez d’un téléobjectif de dernière génération, moi je suis un Mentaliste génération 2075 !!!

 

Je me lève et sors de l’immeuble poussé par une force qui me propulse sur le premier banc que je trouve sur la place et me mets en position d’attente…il se passe 1/4h, je commence à avoir froid, j’ai juste oublié mon imperméable chez l’autre mezzo mafieux par obligation forcée…

  • Oh toi, tu fais quoi sur ce banc ?

 

  • Euh, c’est à moi que tu parles, je suis malade, j’ai froid, je ne me sens pas bien, si je me lève je tombe…

 

  • Tu as du blé, le relou ?

 

Je le regarde, des pointes d’interrogations dans les yeux puis le blé se transformant dans ma tête en baguettes puis en euros, je fais un signe de la tête...

  • Oh, tu restes là, quand je te siffle, tu te magnes fissa au magasin de l’autre côté…

Il est parti, je commence à trembler, je ne suis pas en manque, je suis juste mort de trouille…Je n’ai pas eu tellement à simuler tant j’étais, pauvre de moi, effrayé lorsque je l’ai vu arriver…Je maudis intérieurement l’autre abruti. Mais qu’est-ce qu’il m’a pris de l’écouter…Si je m’en sors, demain je change de métier…Pardon mémé, mais je n’y arriverai jamais !!! J’espère qu’il ne va pas me fouiller, je sens mon 7,65 dans mon dos…Je dois partir le plus vite possible, je n’arrive pas à me lever, je suis juste tétanisé !!! Je n’arrive même plus à faire appel au soi-disant mentaliste qui s’est barré…

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Je suis perdu corps et âme dans mes réflexions lorsque j’entends un léger sifflement je lève la tête, je regarde dans la direction du magasin, il me fait signe, je suis paralysé. JE prends appui sur le dossier du banc, me mets debout et traverse la place Maurice Maccario en proie à d’horribles douleurs provoquées par la peur qui traverse mon corps…Lorsque j’arrive presque sur lui, je vois alors soudainement surgir venant de partout des policiers qui lui foncent dessus…Je titube, n’arrive plus à avancer, j’ai juste l’impression que je vais tomber dans un grand trou noir, lorsque je réalise que je fais tout à coup partie d’une scène de flag et que j’ai été l’hameçon qui aura servi à harponner le dealer…Mais que fait là l’autre idiot à la soi-disant double nationalité, il s’active et semble mener la danse, je ne comprends plus rien, je regardes ce qui se passe autour de moi l’air hagard…

  • Oh Scola…eh, tu m’entends le Mentaliste tu comptes rester collé sur ce banc, tu as l’air tout drôle, tu te réveilles ou quoi ?

Il fait quoi Monsieur double Nationalité devant moi, j’ai du me trouver mal…J’ouvre les yeux avec difficulté, un éclair me traverse le cerveau à grande vitesse et comme un boomerang tout me revient…Je dois être sur la Place Maurice Maccario, le jeune lieutenant qui nous arrive des States, m’avait demandé de sécuriser la zone, après qu’un triste fait divers d’un jeune du quartier que l’on a retrouvé mort sur la Place, sans raisons apparentes, ait ébranlé toute la population avoisinante…

  • Ca y est on a serré le tueur, il s’agit d’un déséquilibré qui vivait dans une cave qui se trouvait sous le magasin en face…Sa cafetière est pas mal atteinte, il pensait que le jeune lui en voulait et que c’était un revenant, alors il l’a tué comme ça sans lui laisser aucune chance…Oh, tu m’écoutes ?

Attendez, expliquez moi Lieutenant, vous vous êtes servi du téléobjectif génération 2050, pour le serrer…

 

  • Oh, Scola tu débloques, de quel téléobjectif parles-tu ? Allez bouges faut aller parler à la famille, ce gosse est juste passé sur la Place au mauvais moment, faut calmer les esprits !!!

 

  • C’est normal Lieutenant, il y a un traité de folie qui plane sur cette Place c’est pas étonnant !!!

 

  • Si ça continue c’est toi que l’on va enfermer à Sainte-Marie, faut que tu arrêtes de regarder avec ta grand-mère, les séries de Mentalistes…Moi je n’ai pas eu comme toi le loisir de m’endormir sur ce banc, je rentre, je suis crevé !!! Si tu veux que je te ramène tu te magnes et presto, autrement il y a les potes Arméniens de la DGSE, ceux que tu aimes bien qui sont là, ils pourront te ramener !!!

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Nice 27 février 2017

 

 

 

 

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31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 13:19

Nuit blanche

Vous n’y comprendrez rien et moi non plus. Il est évident que cette nuit sera longue et blanche…Pourquoi pas noire, bleue, rouge, jaune…et même verte…Une nuit sombre, ah non pas ça…trop peur du noir, ce serait tout simplement l’enfer, mes idées elles-mêmes, pourraient se mettre au diapason et ne plus revenir à leur couleur normale…Ne vivre que dans la nuit, ne jamais voir la lumière du jour, oublier ce qu’est le soleil et son doux réchauffement. Oui ce doit être le pire des cauchemars, avancer à tâtons, imaginer des contours, mais ne pas vraiment en voir le contenu. Une nuit en dehors du temps, une nuit qui ne s’ouvrira jamais, une nuit triste sans rêves et sans avenir, juste du noir pour une nuit blanche. Un noir profond, un noir venu des entrailles, un noir sans points lumineux, sans rayures, sans tâches, terrible étendue…Le noir de la tombe, le noir du caveau, le noir du costume des croque-morts, un linceul blanc pour une nuit entre Yin et Yang….Enfoncée dans ce noir qui me tire vers le bas, vers ce gouffre, je me laisse glisser en me disant qu’il n’y aura pas de bout à cette nuit là, juste cette histoire entre elle et moi et plus rien, le néant, le vide…Et pour cause, j’ai quatorze ans, je suis dans un aéroport, celui d’Oran en Algérie, nous sommes en 1962 et mon père vient de nous y déposer avec ma grand-mère. Nous devons attendre un hypothétique avion militaire qui devrait nous rapatrier sur la France, notre Mère-Patrie et plus particulièrement à Marseille, on ne sait quand, on ne sait comment. Des jeunes du contingent patrouillent en permanence dans le but de nous protéger, et la seule chose que je sais, c’est que je vais passer une, deux ou trois nuits blanches en attendant notre sauveur volant. Pas de possibilité de dormir ou a même le sol car rien n’est prévu. Un grand écran noir devant mes yeux qui pleurent, départ et abandon de tout ce que j’ai connu, ne pas sombrer dans la tristesse, je décide de me battre contre la morosité ambiante et de faire de cette nuit et des prochaines, des nuits colorées, habitude qui reviendra tout au long de ma vie chaque fois que le sommeil refusera de m’envahir. C’est dans cette sensation de chute qu’au milieu de cette nuit blanche m’est apparu mon premier mur bleu, le bleu des myosotis, le bleu de ma méditerranée, le bleu d’un ciel d’Azur, juste ce lac bleu qui me repose et plus tard le bleu de Klein qui me hantera. Je reste éveillée, les yeux rivés sur ce bleu, une grande histoire entre lui et moi, l’histoire de ma vie, ma vie que je rêvais toute en bleue. Ne plus penser à rien, me noyer en lui, nager au milieu des dauphins et des baleines, un monde azur, une nuit blanche toute en bleue….Une nuit où chaque Ange aurait sa place, une nuit de rêves bleutés…Je ferme les yeux cherchant désespérément le bleu de ce pull que ma mère m’avait ramené de Paris lors de son dernier voyage avant le rapatriement définitif, ce bleu en adéquation total avec le ciel de mon Algérie Natale. D’habitude, elle tricotait mes pulls, mettant des couleurs, des rayures, des zébrures, ou alors elle faisait des mailles larges, et pour cause, il faisait chaud chez nous même en hiver. Mais là, ce pull était uni et l’étiquette portait la mention « Made in France », ce serait m’étais-je dis le pull de ma première « Boum » que je devais donnée pour mes quatorze ans, un pull qui venait de Paris…Mais ce que je ne savais pas et que personne n’appréhendait ce serait le départ brutal, dans l’urgence vers cette France qui ne nous attendait pas, un mois seulement après la surprise party donnée en mon honneur, avec pour tout bagage une petite valise contenant le fameux pull bleu que je garderai pendant de longues années comme le symbole d’un bonheur et d’une adolescence à jamais disparus.

La nuit s’étire lentement et je foule le ciel propre et sans nuages, un jour de Mistral de cette ville de Marseille qui avec son ciel d’Azur m’adoptera, mais me bousculera parfois sans tendresse. J’enterrerai ma grand-mère paternel qui m’avait élevé l’année de mes quinze ans et mon père l’année de mes seize ans…Mais comment pleure t’on avec un tel ciel d’Azur, rester digne, enfouir peines et pleurs au fond de soi et continuer envers et contre tout et tous à sourire et à vivre au beau milieu du bleu de ma vie.

C’est pourquoi le rouge s’imposera à moi, le rouge de la révolte, de ma révolte…Et ce n‘était pas avec cette couleur flambante que ma nuit blanche se terminerait, mes yeux restaient irrémédiablement ouverts. Cette couleur m’amenait sur les pistes de latérite du Gabon, après une journée complète sur ces pseudo routes, je rentrais à Libreville la peau rougie par la poussière qui volait dans l’air et venait se coller sur la peau et le cuir chevelu, nous donnant l’aspect de cette tribu indienne que l’on appelait les « Peaux Rouges »….Mais pas que, cette couleur était aussi celle du sang, qui coulait de mes genoux alors qu’enfant un peu casse cou, je faisais une mauvais chute…Et c’était en ravalant mes larmes que je finissais par accepter que ma grand-mère nettoie mes genoux et les tamponnent de mercurochrome qui leur donnait pour quelques jours la couleur de la conquérante que je pensais être. Mais c’était aussi la couleur de mes folies théâtrales, qui devinrent l’expression de mon écriture…Un rideau rouge qui s’ouvre et ces textes de Guitry que je pense avoir oublié. Les angoisses qu’avait revêtues cette couleur flamboyante sur laquelle en bon taureau je fonçais allègrement. Moi toute en noir, mon trac tout en rouge, dégoulinant sur moi telle une bête que l’on vient de dépecer, me laissant parfois sans voix à la limite de cette voie théâtrale que je pensais avoir trouvé… « Adore ton métier, c’est le plus beau métier du monde… » Mais dégoulinante de ce sang imaginaire qui me collait à la peau, je ne pus aller plus loin, ajoutant à mes mots débutants et trébuchants, des maux théâtraux qui me laissèrent à jamais sur le banc des spectateurs.

Ce n’est qu’en revenant à cette nuit sans rêves que je fus éblouie par cette couleur jaune qui me léchait de ses rayons et que je ressentie cette incroyable chaleur qui pouvait rappeler l’astre solaire sans qui la terre n’aurait plus lieu d’exister. Ce n’était certes pas une couleur que je portais, mais elle m’attirait tel un aimant, et elle continuait à m’agripper encore et encore réchauffant mes entrailles et mes nuits. C’est vers elle que j’étais attirée lors de mes choix de tableaux ou de draps…Je la rêvais et la caressais souvent…Elle m’ouvrait des horizons, je me rechargeais au contact de sa luminosité et m’entourait de son halo bienveillant qui tel une herse, me protégeait de ce noir sans appel qui pouvait m’emporter vers les profondeurs desquels je savais ne jamais remonter, engluée par ce noir absolu ne laissant passer aucune possibilité d’une vie après la vie…Que de fois j’ai trébuché, que de fois j’ai eu envie de me laisser glisser, que de fois j’ai voulu partir pour ne jamais revenir, mais que de fois ma conscience habillée de jaune me ramenait sur le bord de ce rivage tant haï et tant aimé que l’on appelle la Vie…

C’est alors que sur une pelouse verte et de peur de retourner vers le néant, je me mettais à courir enfonçant mes pieds dans cette terre qui me ramenait à la Vie. Cette couleur de mon bien-être, je la rechercherai chaque fois que le doute se réinstallera en moi, elle m’équilibrera, m’apaisera, me soignera, m’ouvrira d’autre horizons…Je la porterai pendant quelque temps, l’abandonnerai, la chérirai à nouveau, et c’est en me mettant au vert que souvent mes idées désordonnées se mettraient en place, au milieu d’une clairière ou d’un champ parsemé de fleurs…Une fois de plus au bout de cette nuit blanche toute en couleur, je repartais vers cette vie qui étais la mienne et que finalement je n’aurai pu échanger même pour le plus beau des royaumes, car elle était riche en Amour, en Amitié, en Enseignements et en Humanité…

Sylvette, Pensées personnelles, 31 Mai 2017

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 18:44

Assise sur l'escalier en Pierre de la demeure de grand mère , j'essaie de me souvenir de son visage, de sa voix, et des conseils qu'elle me donnait si souvent, enfant, adolescente , mais également lors de mes périodes amoureuses lorsque, invariablement je me demandais si le garçon que je venais d'embrasser était le prince charmant que mon cœur espérait...J'attendais ce moment extraordinaire où elle me disait de poser ma main sur la pierre , cette fameuse pierre ronde comme un galet et qu'elle disait magique...Dans ces moments là sa main recouvrant la mienne, elle aurait pu me parler ainsi pendant des heures sans que je ne bouge, écoutant sa voix égrener ses multiples et fabuleux souvenirs. Comme à chaque fois le récit qu'elle m'en faisait était différent, comme si grand mère avait eu plusieurs vies...Mais ces histoires là, vraies ou non, m'ouvraient des horizons extraordinaires me permettant de comprendre ce que je vivais à ce moment là et qui me paraissait alors être dans ma tête de petite fille un événement insurmontable...

Déjà dans ma petite enfance, si j'arrivais chez elle avec un gros chagrin parce qu'on m'avait pris mon goûter, tiré les cheveux, déchiré ma robe, parce que je m'étais battue et que maman allait me gronder, la pierre magique et la douce voix de grand mère me consolaient et j'entrevoyais les choses plus sereinement...Et puis si maman risquait de me gronder, les arguments pour défendre ma position me venaient plus facilement à condition que celle ci soit défendable car lorsque j'avais tort ,j'attendais la punition qui découlait inévitablement, beaucoup plus dans l'acceptation et non pas avec un sentiment d'injustice...Ainsi j'appris dès l'enfance que même en cas de sottises ou de mauvais comportements, il y avait toujours moyen de changer le cours des choses à condition d'accepter les conséquences qui pouvaient en découler ; une certaine manière de grandir et de voir les choses avec plus de discernement...Mais s j'avais raison, j'appris à défendre mon point de vue avec force et véhémence car cela faisait partie de mon caractère, toujours dans le respect de l'autre...même si cela m'était difficile parce que la colère pouvait envahir ma tête et mon cœur, m'empêchant d'avoir un sentiment objectif...

Cette pierre magique j'appris très tôt qu'elle était comme un secret entre grand mère et moi...Elle m'avait fait promettre de ne pas en parler, autrement le pouvoir surnaturel qu'elle dégageait disparaitrait...Je compris ainsi, que maman n'avait pas eu droit au même traitement que moi, et que si j'en parlais, grand mère risquait de se faire gronder, aussi considérais je ce secret aussi magique que la pierre...

Un jour il m'en souvient je venais de rentrer en sixième, j'étais tétanisée d'avoir quitté mon école, ma maîtresse, mes amies pour aller vers cet inconnu...Je n'avais plus envie d' apprendre , je ne voulais pas me faire de nouveaux amis...Je me disais que je n'étudierais plus et qu'ainsi on serait obligé de me renvoyer...Alors grand mère me raconta cette histoire extraordinaire qu'elle avait vécu( ou bien maintenant je me dis sûrement inventé)...Je ne sais par quel miracle alors que je pensais que nous étions d'Afrique du Nord, je me suis retrouvée arrière petite fille de réfugiés Italiens, arrivés en France sans argent, ayant tout abandonné pour donner à leurs enfants la chance de faire des études et de pouvoir s'en sortir dans la vie...Ils avaient tout connu , les chambres sordides entassés les uns sur les autres, le manque de nourriture, les insultes et les quolibets des autres enfants qui les traitaient de « nabots » ou de « sales italiens ». Mais ses parents d'honnêtes travailleurs continuaient à leur inculquer la force du travail et les obligeaient à parler en Français à la maison même si parfois eux mêmes avaient du mal à comprendre...Sa maman n'eut aucun mal à régaler les papilles de nombreuses familles françaises car elle était paraît il une fameuse cuisinière , ainsi devint elle rapidement la Regina de la « Pasta »et de la « Pizza »...Son père appris très vite le métier de maçon et la construction d'une maison n'eut plus de secrets pour lui...Ils ne comptaient pas leurs heures, et les enfants devaient se débrouiller seuls, mais ils avaient tous un objectif apprendre à l'école et pouvoir enfin aider leurs parents...Alors eux qui s'était battus avec la vie, avec les études, avec le temps, comment moi petite fille pouvais je penser une seule seconde que parce que je changeais d'école le monde s'écroulait..

Et puis elle eut un argument extraordinaire..Elle, ma grand mère n'avait pas pu bénéficier de la pierre magique...

-Mais alors grand mère comment a-t elle pu arriver jusqu'à toi?

Et inévitablement elle me répondait

-Un jour viendra où je t'expliquerais peut être, mais ce n'est pas encore le moment...Un jour tu grandiras et puis tu comprendras...

Cette pierre grand mère m'avait toujours dit qu'il fallait rester longtemps la main dessus et que seulement lorsqu'elle devenait chaude, très chaude, la solution apparaissait...Alors on la tenait le plus longtemps possible, je ne bougeais pas, et sa main sur la mienne, elle me racontait ses histoires qui de près ou de loin avaient finalement un lien avec le problème ou l'incident qui me préoccupait..

Oh que j'ai aimé ensuite ces années de collège entre la sortie de l'enfance et l'adolescence Toutes ces années où mon esprit se transformait en même temps que mon corps...

Cette impression de devenir quelqu'un d'autre tout en ne voulant pas dire « au revoir » à la petite fille...

De mon enfance j'avais gardé mes secrets avec grand mère et c'est à elle et à la pierre magique que je confiais mon évolution, mes questions , mes doutes, mes erreurs, mes premiers Amours, mes premiers chagrins d'Amour...A chaque fois j'ai cru mourir, mais sitôt posée la main sur la « pierre », je me sentais ressuscitée...Comme si tout au long de ces années cette Pierre était devenue la Pierre de Vie, celle qui me donnait la voie à suivre, celle qui m'insufflait ma joie de vivre...

Grand mère me disait souvent

-Petite je vieillis, quand je ne serais plus là, ne pleure pas, pense juste souvent à la pierre et à ce que nous faisions ensemble, n'oublies pas de réfléchir avant de faire quelque chose , prends ton temps et si tu te trompes, corriges tes erreurs et continues à avancer...

Mais moi du haut de mes quatorze ans je me disais qu'elle était immortelle et qu'elle s'inquiétait pour rien...

Oh elle avait encore ces histoires étranges et rocambolesques à me raconter, mais qui lui servaient de support pour m'aider à avancer...Je fus tour à tour arrière petite fille d'un capitaine au long cours qui fit preuve d'actes de bravoure pour sauver son équipage, alors que son bateau était attaqué par des pirates...Et puis d'un Prince Russe déchu qui avait du quitter la Russie devenue communiste...et se reconstruire tout en restant digne...Ah oui j'oubliais mes arrières grands mères qui n'étaient pas en reste...Descendante d' Hachepsout, l'unique Pharaonne d'Égypte, l'une fut enlevée par un Prince Arabe, beau comme un Dieu et dont elle arriva à négocier sa sortie du sérail...Et bien d'autres encore...Bref ma grand mère aurait pu écrire des livres tant son imagination était fertile, et même en grandissant alors qu'elle savait que je ne croyais plus à ses histoires, elle me disait souvent...

-Laisses à ton esprit sa part de rêves, c'est la seule chose que personne ne pourra te prendre , et si tu n'en réalises qu'un seul dis toi que tu auras eu une belle vie...

-Mais alors grand mère Notre Pierre magique fait elle partie du rêve ou son pouvoir est il réel ?

- Mais, mon enfant si tu me poses cette question c'est qu'il faut encore que tu grandisses..

J'ai continué à avancer entre l'Amour de mes parents et mes visites à grand mère...Oui c'est vrai à l'adolescence j'ai espacé, je l'aimais toujours autant , mais je voulais montrer que maintenant j'avais grandi et que j'avais ma vie...

Mais très vite lorsque j'avais un chagrin je venais chercher le réconfort de la pierre et de grand mère...

Les années d'études , des amis, des sorties, la découverte de la vie, m'ont certes un peu éloigné des miens , mais je savais qu'ils étaient là et je me sentais invincible...

Je pensais m'éloigner d'eux , mais je m'étais construite grâce a eux et aux histoires de grand mère...Je les avaient toutes enfouies au fond de ma mémoire et lorsqu'une situation difficile se présentait à moi , j'allais dans mon « coffre fort » à histoires et souvent en y repensant je trouvais une façon de contourner la difficulté...Alors dans ces moments là j'appelais grand-mère lui demandais de mettre sa main sur la Pierre , et je me sentais rassérénée, plus forte et prête à affronter mes peurs et mes angoisses...

Un jour alors que je finissais mes études et m'apprêtais à rentrer dans la vie active, maman m'appela pour me dire que grand mère très fatiguée était rentrée à l'hôpital...J'arrivais à Nice par le premier avion , filait à l'hôpital, mais déjà ses forces la quittaient et je n'eus que le temps de l'embrasser...

Elle ouvrit les yeux et murmura ,

- Le premier tiroir de la commode ,

me sourit et s'en alla rejoindre ses princes, capitaines, commandant, agents secrets...

Ma peine fut immense, et je me demandais comment j'allais faire pour vivre sans elle. Mes parents sachant la complicité qui nous unissait et l'amour que je lui portais m'entourèrent de toute leur affection...

Et puis à quelques temps de là maman me dit

- Tu sais j'aimerais que tu viennes avec moi chez grand mère , nous devrions nous séparer de quelques affaires et peut être veux tu en garder quelques unes?

Je l'ai regardé abasourdi , comment pouvait-on penser à vider la maison de grand mère, pour moi tout était à garder car c'était le monde de mon enfance...Comment pourrais je dire ou voir mes parents vendre ou donner telle ou telle autre chose, objet, meuble, avec eux partiraient tous mes arrières grands parents, tout mon héritage d'histoires fabuleuses, rocambolesques se perdraient dans la nature..J'allais me trouver Orpheline à la puissance X...Et puis si les personnes qui achetaient tel ou tel meuble ou objet voyaient tout à coup en sortir un personnage, ils ne comprendraient pas, ils penseraient halluciner...Et puis peut être pour se débarrasser de ces drôles d'hallucinations se mettraient t-ils à brûler meubles et objets...

Et grand mère souffrirait...Mais comment faire?..

Assise sur l'escalier en pierre je réfléchissais....Tout à coup la voix de maman me disant de me couvrir et de m'asseoir ailleurs que sur la pierre froide me fit l'effet d'un électrochoc...Grand mère partie, j'avais oublié celle qui m'avait souvent aidée à trouver des solutions à mes petits problèmes de vie,

« Ma Pierre magique », voilà il n'y avait qu'elle pour m'aider à y voir plus clair...Il me semblait bien que grand mère m'avait parlé avant de s'en aller vivre d'autres aventures...Je restais là prostrée , incapable de me souvenir...

Soudain j'entendis maman dire à Papa ,

-Cette commode je l'ai assez vu toute mon enfance, on pourrait la vendre...ou peut être la donner...

Je bondis sur mes pieds , rentrais dans la maison, déboulais dans la chambre de grand mère et me mis devant la commode prête à en découdre avec le premier qui y toucherait...

Mes parents me regardèrent ahuris ne comprenant rien à mon désordre mental...Je n'arrivais pas à parler, hoquetais,trépignais...Maman pris papa par le bras et sortit de la chambre me laissant enfin seule avec « ELLE »...Je tournais autour, n'arrivant pas à me décider à ouvrir le tiroir, elle avait dis le premier , et puis il fallait faire vite les parents allaient revenir...Alors je posais mes deux mains sur les poignets de la commode et me mis a tirer...Impossible, impossible d'ouvrir...je m'y reprenais à plusieurs fois, m'arque boutait...Rien à faire...Alors mentalement je me mis à parler avec grand mère , je caressais le tiroir, repris en main les poignets, et soudain il s'ouvrit comme par enchantement...

Elle était là , en plein milieu...Je la regardais, n'osais pas la toucher...Mais elle n'était pas seule...Elle était accompagnée entre autres de ma dernière tétine, de mes premiers chaussons et dans une petite boite , ma première dent de lait...et quelques autres objets m'ayant appartenu...Je me souvenais de tout, grand mère avait donné ma « teut » au Père Noël, j'y avais cru « dur comme fer » et pour prouver que j'étais grande , je n'avais plus pleuré pour m'endormir...

Et puis la dent elle, était tombée alors que je croquais dans une pomme...Enfin j'attendais cela depuis si longtemps car on m'avait promis que si je la mettais sous l'oreiller la petite souris avalerait ma dent et me laisserait une belle pièce pour mettre dans ma tirelire...

...Oh une carte que j'avais écris lors d'un voyage avec papa et maman, enfin qu'ils m'avaient dicté, je m'en souvenais bien , maman m'angoissait pour que je forme bien mes lettres et papa lui demandait de contrôler les fautes d'orthographes et moi je ne comprenais pas pourquoi il fallait écrire à grand mère puisqu'on lui avait parlé au téléphone et puis que de toutes les façons ils allaient oublier de la poster et qu'elle arriverait alors qu'on serait rentré et c 'est ce qui arriva...

...Ca alors mon cahier de poésie du cours élémentaire 1ère année!!!Je me souvenais tout à coup de cette maîtresse si gentille qui m'avait donné envie d'apprendre ces poèmes et de les réciter. Chaque poésie c' était comme un véritable voyage, une histoire extraordinaire, comme celles que me racontaient grand mère...

Elle me les faisait réciter et me disait toujours ,

-tu ne dois pas apprendre par cœur mais comprendre ce que tu récites...Toute la beauté d'une poésie est dans l'intonation et dans la façon que tu auras de la réciter...Prends ton temps, respectes les points et les virgules, rends hommage à l'auteur, n'oublies pas son nom car il vient de te combler de plaisir...Le plaisir des mots ,de la rythmique

...Et puis il y avait le dessin , le fameux dessin qui devait illustrer la poésie...Il fallait s'appliquer, mettre les belles couleurs...Que de souvenirs dans un cahier de poésies d'enfant...et que d'images enfouies au fond de notre mémoire visuelle...

Que de plaisir aussi et que d'angoisses lorsque la maîtresse nous désignait pour aller réciter devant toute la classe...

...Et puis ma première montre, enfin j'étais capable de me diriger dans le temps...Quelques autres objets auquel j'avais tenu et tout un tas de photos de moi a différents âges...

Oui grand mère avait gardé toutes ces choses qui avaient constitué ma petite enfance et m'avaient permis de grandir et de me construire...

Et « Elle » elle était là au beau milieu et je n'osais même pas la prendre, mes yeux la caressaient, mais mes mains avaient du mal à s'en emparer...Il fallait maintenant que je fasse vite , mes parents n'allaient pas tarder à revenir et je devais la soustraire à leurs yeux, ils ne comprendraient pas , la prendrait pour un vulgaire galet et seraient capable de la jeter...Pour moi c'était ma lampe d' Aladin, le plus beau cadeau que grand mère pouvait me faire...Toute mon histoire jusqu'à présent était inscrite dans la mémoire de cette pierre...

Toutes les histoires que me racontait grand mère elle en avait été le témoin...

La voyant là accompagnée de ces autres objets, je comprenais bien sur, qu'elle avait été un prétexte pour m'aider à grandir, mais en la gardant près de moi et avec moi elle me ferait souvenir que grâce a telle ou telle autre histoire, ma vie de jeune enfant s'était construite...Certes c'est en moi que je trouverais la façon d'accepter les joies, de surmonter les épreuves et les peines qui accompagneraient ma vie, et c'est encore en moi que je trouverais la force d'être à mon tour mère et peut être grand mère...Mais je suis sure que si elle est là près de moi , juste de la caresser le pouvoir magique que grand mère y avait mis reviendrait...

Les gens garde des photos des êtres chers ou un objet qui leur rappelle qu'ils ont été là, moi c'est cette pierre qui me dira toujours que grand mère pense à moi et ne m'oublies pas...

Aller un effort, mes mains cessez d'être tétanisée...Je les avance...Instinctivement elles reculent, intimidées...Mes mains ont peut être peur du contact de ce que cela va provoquer chez elles...Mais il faut faire vite , mes parents vont revenir, ne rien comprendre et polémiquer quand au galet que je veux garder...Je les entends déjà me railler...Un vulgaire galet Niçois comme il y en a tant sur les plages, même pas un qui est peint, non un galet comme ceux que tous les enfants niçois aiment à lancer dans la mer, un de ces galets qui vous font mal aux pieds et dont on a du mal a se passer...D'ailleurs Nice sans ses galets ne serait plus Nice...et pourquoi celui ci et pas un autre???

Mais pour moi ça n'a jamais été un galet, mais « Ma Pierre Magique », qui détient la mémoire de mon enfance et de toutes les histoires de Grand mère...

Voilà mes mains vous y êtes ...Oh, merci!!! Enfin vous avez cet extraordinaire courage de le faire...

Elles s'en saisissent et tout à coup manquent de la lâcher!!!La chaleur qu'elle dégage me brûle les mains...Je sors en trombe de la chambre, cours me réfugier sur l'escalier en pierre , la pressant contre mon cœur, sa chaleur m'envahit et enfin mes larmes coulent...Je dis Adieu mentalement à mon enfance, le monde des Adultes s'ouvre à moi...Qu'importe tout ce qui se trouve dans la maison, la mémoire de mon enfance est là dans cette merveilleuse Pierre que je serre tout contre moi...

3ème prix du concours de Nouvelles de la Ville de Nice en 2013

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