Le blog de Sylvette

Il est là, sans être là,

apparaît, disparaît à souhait.

Appelé auprès de ses électeurs,

il va, cours, vole,

de dîner en dîner,

d’entrevue en entrevue,

de spectacle en spectacle.

Et soudain fatigué,

enfin il peut venir se détendre,

au cours de théâtre.

Il n’a pu répéter,

mais le jour voulu,

ne sachant pas

tout à fait son texte,

il peut quand même

se permettre de jouer

car il a le brio de ceux

à qui tout a réussi.

En éternelle représentation,

ce n’est simplement

qu’une seule de plus à son actif.

La vie est pour lui

comme les livres qu’il édite,

« une magnifique œuvre théâtrale »

Il est capable d’arpenter la scène,

comme il arpente l’asphalte,

pour porter la bonne,

ou la mauvaise nouvelle.

Postier en deux roues,

le voilà poule, insecte,

oiseau, homme objet,

homme tout court,

travesti ou femme…..

Tout lui va.

La scène lui colle à la peau,

il aime !….

Il apprend si vite,

sa mémoire semble infaillible !

Son plaisir, sa vie

est là dans ce théâtre,

où il se transforme

avec tellement d’aisance.

Il joue avec les mots,

les attitudes, la voix,

son corps s’adapte,

se met au diapason.

Longiligne,

vous pourriez imaginer

que son aspect,

sera toujours identique

…. .…non……….

car quoi qu’il soit,

vous y croirez,

car il est animé ,

d’un amour incommensurable

pour le théâtre !…….

Elle sait conjuguer

les verbes à tous les temps.

Elle connaît la grammaire

a peu près parfaitement.

Elle sait écrire le mot théâtre.

Sa scène à elle c’est l’estrade;

Elle sait moduler sa voix,

en fonction de la rumeur des enfants,

et tel un instrument de musique,

elle sait l’accorder aux cris aigus.

Mais savait-elle jouer, interpréter,

apprendre un texte,

et le rendre avec ampleur,

véracité et brio.

Elle qui parlait en mathématiques,

de train à ses élèves,

saurait-elle monter dans un train,

sans qu’il ne s’arrête dans cette gare.

Et sur ce quai où elle attend…….

et quand devant être en colère,

elle cèdera sans réserve au fou rire…..

Et après tout, c’est  cela aussi

le théâtre de la vie .

Jeunette, mignonnette,

frêle silhouette,

elle a sur scène,

l’innocence des enfants,

qui n’ont pas encore,

fini de grandir.

Ado et adorable,

la mémoire ne lui fait pas défaut.

Elle aime jouer,

comme elle joue avec la vie.

Libre, à l’aise, elle rit,

clame, déclame, réclame.

Elle a encore des enfants,

cette peur de ne pouvoir rien faire.

Et  pourtant avec un petit rien d’adulte,

un petit rien de calme,

elle emplira la scène,

le théâtre, sa vie et celle des autres.

Enfin elle existera sur scène

et hors de scène.

La voix, elle est partie,

s’est arrêtée.
Rentrée en elle même,

elle a du mal à sortir.

Dans le très fond de son être,

elle se cherche, elle pousse,

elle essaie de faire surface,

mais elle vient faiblir

sur les lèvres.

Elle pousse, pousse encore,

mais en vain.

Elle aurait voulu

emplir l’espace,

mais l’espace reste vide…

sans voix !

Maudite voix,

que fais tu sur ces planches ?

Pourquoi me trahis tu ?

Tu t’es prise pour une star,

tu as cru

que les planches t’appelaient,

et sans prévenir tu m’as lâchée !….

j’ai cru que tu sortirais,

qu’enfin tu allais t’exprimer,

tu as fais un effort pour monter,

et puis tout à coup,

tu es redescendue

moi même je ne t’entendais plus !

Alors je t’ai parlé,

j’ai commencé à murmurer,

rien ne venait,

je t’ai supplié,

je t’ai expliqué,

que c’était important pour moi !

Tu as fais un effort,

je t’entendais et les autres

commençaient à t’entendre,

et enfin un jour

comme si tu sortais d'ailleurs,

tu as empli l’espace.

Merci à toi, ma voix !…